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          Le 11 septembre 2001, 343 sapeurs-pompiers ont péri dans les flammes du World Trade Center. Onze ans plus tard, leurs frères d’armes portent encore les cicatrices de cette journée noire qui a fait d’eux des héros. Plus de 200 unités ont été mobilisées en moins de trois heures au cours de ce qui demeure la plus grande intervention de l'histoire des pompiers de New York. Un tiers d'entre eux, ainsi qu'une soixantaine de policiers, Ã©taient en pleine opération d'évacuation dans les tours au moment où elles se sont effondrées. Près de quatorze mille personnes sur les dix-sept mille présentes dans les tours avaient à ce moment-là été évacuées.

 

Les semaines suivant l’attentat ont été difficiles pour les pompiers. En effet, ces derniers travaillaient sans arrêt afin de déblayer Ground Zero dans l’espoir de retrouver des survivants. Malheureusement, certains d’entre eux retrouvaient les cadavres de leurs proches. Ils s’arrêtaient de travailler seulement pour dormir, ils étaient donc exténués. Ils étaient environ au nombre de six cent sur le terrain. Un des pompiers témoigne que le plus dur est de sortir l’un des leurs de sous les décombres. Ils savaient qu’ils allaient être sur les lieux pendant plusieurs mois. Les visages des pompiers vus dans la vidéo font partie des héros de l’Amérique. Une immense majorité des volontaires ont travaillé sans protection. Certains disposaient de petits masques et de quelques litres d'eau minérale pour se décontaminer.

 

 

Nous avons analysé et regardé le téléfilm-documentaire franco-américain New York : 11 septembre (titre original : 9/11) où nous pouvons vivre les attentats du 11 septembre 2001 à travers les yeux des pompiers de la ville de New York. Il a été réalisé par James Hanlon, Rob Klug, Gédéon et Jules Naudet, et diffusé en 2002. L'essentiel des bénéfices réalisés ont été distribués aux familles des victimes de la tragédie.

À l'origine, les frères Naudet projetaient de produire un petit film documentaire retraçant le parcours d'une nouvelle recrue chez les pompiers de New York que l'on surnomme habituellement le « probie Â» (jeune pompier en période probatoire). 

James Hanlon, pompier depuis neuf ans à la caserne de Manhattan Ladder nous raconte l'incroyable histoire de ses pompiers. L'été qui a précédé le 11 Septembre 2001, ils leur arrivaient de se rendre plus de cinq fois par jour au World Trade Center pour s'entrainer dans la montée des escaliers.

 

Le 11 septembre a été filmé par deux frères : Jules et Gédéon Naudet, les réalisateurs du documentaire, qui sont des vieux amis de James. Ils ne voulaient pas faire un documentaire sur le 11 Septembre mais sur un jeune probie qui devient un homme en neuf mois. Ce jeune homme, appelé Antonios Benetatos mais surnommé Tony, était un garçon plein d'ambition : « j'ai toujours voulu être un héros, et c'est le seul métier qui permet de le devenir Â». De plus il dit « si j'avais voulu être riche, je serai devenu un avocat et je voulais un métier qui me rende heureux jusqu'à la fin de ma vie et celui-là me convient Â». Dans la caserne régnait une bonne ambiance entre les pompiers. Ce sont « des types incroyables qui ont combattu les pires incendies qui soit Â». Tony attend avec impatience son baptême du feu pour prouver aux autres et à lui-même que c'est un bon pompier. « Ã‡a fait à peu près quatre ou cinq semaines... et toujours pas de feu. Ça arrivera sûrement au moment où je m'y attendrai le moins Â». Il ne s'attendait pas à l'ampleur des dégâts. Le matin du 11 Septembre, une belle journée s'annonçait. A 8h30, le chef Joseph et quelques pompiers suivit de Jules (pour s'entraîner à filmer), sont appelés pour une fuite de gaz près du World Trade Center. A 8h46, tout a basculé, un avion percute la première tour. Ils comprennent tout de suite que ce n'était pas un accident mais ignorent ce qu'il s'est réellement passé. Les pompiers ne savent pas quoi faire et se précipitent dans les tours. Énormément de carburant a coulé par les conduits des ascenseurs et pulvérisé les vitres du hall. Les dégâts se trouvaient au-dessus du 78ème étage mais aucun ascenseur ne marchait alors il fallait y aller par les escaliers à pied. Les pompiers avaient un équipement complet qui pesait trente kilos. Ils mettaient environ une minute pour monter un seul étage, donc au total ils parvenaient au 80ème étage en 80 minutes, soit 1h20. Tout le monde était confiant pour éteindre le feu même s'il y avait dix ou vingt étages enflammés. Des camions de pompiers arrivaient de toutes directions. Leurs regards en disaient long sur leurs pensées, ils étaient dans l'incompréhension totale. Le travail allait être long et difficile. Gédéon part rejoindre son frère et filme les rues; c'est à ce moment-là qu'un autre avion percute la deuxième tour. Les témoins se posent pleins de questions, sont affolés et pleurent. Les escaliers de la tour n°1 sont pleins à craquer. Tout le monde essaye de sortir. La première priorité est d'évacuer le plus de monde possible. La plupart des personnes de la première tour sont évacuées par la mezzanine du hall d'entrée puis par l'autre immeuble. Les chefs ne voulaient pas faire sortir les survivants par le hall d'entrée car des débris tombaient et les personnes condamnées se jetaient par les fenêtres. Un pompier déclare alors : « Ã‡a doit être l'horreur là-haut s'ils préfèrent sauter Â». Un autre lui répond « c'est la guerre Â». Pendant ce temps, Tony, resté à la caserne, regarde les informations à la télévision. Il ne sait pas quoi faire mais il n'a qu'une envie : aller sur les lieux et aider les autres pompiers. Dans le hall de la première tour, « les chefs essayaient d'organiser la plus grande opération de sauvetage de leurs carrières Â». Les pompiers qui n'étaient pas de service arrivent, dont Larry Burns, retraité depuis trois ans. Cet ancien chef de bataillon fait preuve de courage et de solidarité envers les pompiers et les victimes. « Je ne pouvais pas me contenter d'attendre, il fallait que j'y aille. Et vous savez pourquoi? Car ce sont mes pompiers, mes tours, ma ville Â». Par la suite, Tony part avec lui. La situation déjà grave ne fait qu'empirer. En effet, la tour n°2 s'écroule. La scène semble être tirée d'un film catastrophe. C'est pire qu'ils ne pensaient : le temps semble s'écouler au ralenti. La première victime officielle est Michael Josh, un des chefs de la caserne. Les pompiers déposent son corps devant l'église. Ils regardent autour d'eux et cherchent les tours, ils sont abasourdis. A 10h28, s'effondre la première tour. Tout le monde court et Gédéon, se trouvant sur les lieux, se fait plaquer au sol par le chef Pfeifer afin de le protéger. Gédéon est passé trois fois dans la rue des tours. La première fois, la rue était remplie de monde. La deuxième fois, tout le monde s'enfuyait et la troisième fois, il était seul, il n'y avait aucun bruit et une poudre blanche recouvrait la rue. Durant l'interview en rapport avec le film, Jules déclare : « Qu'est-ce qu'il s'est passé? L'enfer, voilà ce qu'il s'est passé. Â» Les pompiers entrent dans un café ouvert près du World Trade Center. Ils boivent, vomissent de la poussière et se nettoient. Puis, ils rentrent les uns après les autres. Ils appellent leurs proches, s'embrassent et sont heureux d'être en vie. Les deux frères se retrouvent enfin, alors que chacun pensait que l'autre était décédé. Ils se prennent dans leurs bras et pleurent de joie. Un pompier dit à Gédéon « avant tu n'avais qu'un frère et maintenant tu en as cinquante Â». Tous les pompiers sont rentrés sauf un : Tony. Quelques pompiers partent à sa recherche. Il rentre finalement à 18h, après avoir passé la journée à fouiller les décombres en quête d'une quelconque trace de vie. Ils ont l'interdiction d'aller sur les lieux mais ils y vont tout de même car c'est « un réflexe de pompier Â». Pour bien organiser les secours, ils faisaient 24h de service pour 24h de repos. Ils faisaient des groupes de cinq hommes pour un officier et ils ne partaient jamais à moins de deux car à chaque pas ils risquaient de faire une chute de dix ou quinze mètres. Jules et Gédéon partent leur venir en aide. Une seule personne est retrouvée vivante après 24 heures de recherche. Les semaines passent, la caserne reçoit des camions d’occasion pour remplacer les anciens, enfouis sous les décombres, puis les pompiers recommencent les missions et les blagues, bien que rien ne sera plus jamais comme avant. De nouveaux probies sont arrivés, mais ils ne connaîtront jamais la vie de pompier de New York avant le 11 septembre. Finalement, Tony est devenu un homme en neuf heures ce mardi 11 Septembre 2001. Le documentaire se termine par un hommage aux trois-cent quarante-trois pompiers décédés, avec leurs portraits accompagnés par la chanson Danny Boy. Ce documentaire nous a énormément plus car ce sont de vraies images. Nous avons pu voir en détail cet événement du point de vue des pompiers. Nous pouvons nous rendre compte à travers ce documentaire à quel point les pompiers sont des hommes prêts à donner leur vie pour sauver celle des autres.

Tony Benetatos, un de ces nombreux héros, en 2011.

Jules et Gédéon Naudet, les réalisateurs du documentaire.

Engine 7, Ladder 1, la caserne des pompiers de

New-York suivie par les documentaristes.

Nous retrouvons notamment le processus d'héroïsation à travers la série télévisée Rescue Me. C'est une série télévisée américaine de soixante quatorze épisodes créée par Denis Leary et Peter Tolan. Elle est diffusée entre le 21 juillet 2004 et le 7 septembre 2011 sur FX. En France, seules les deux premières saisons de la série ont été diffusées. Rescue Me est la seule série à être réellement dédiée aux terribles événements du 11 septembre 2001.

La série se déroule à New York, quelques temps après les attentats du 11 septembre 2001. Alors que la ville peine à se reconstruire, les pompiers de l’unité 62, une caserne new-yorkaise, doivent faire face à une succession de catastrophes. Tommy Gavin est pompier à New York, dans la caserne du FDNY. Il était en première ligne lors des attentats du World Trade Center. Suite aux événements tragiques, c'est un homme désenchanté, bouleversé par son divorce et les apparitions du fantôme de son cousin, mort le 11 septembre 2001. Sous le choc, il remet en question sa vocation depuis qu’il a vu mourir nombre de ses concitoyens piégés dans les tours du World Trade Center. Pour toute l'équipe de la caserne, la vie à proximité de Ground Zero est difficile, car tous ont vu leurs collègues mourir en luttant contre les flammes et en tentant de sauver des vies. Ils en restent profondément marqués. Désemparé, son imaginaire lui joue des tours : il discute avec les fantômes de ses anciens collègues et de son cousin Jimmy, tous morts durant les attentats. Mais la caserne constitue sa seconde famille et Tommy Gavin peut compter sur ses frères de cÅ“ur. Ces hommes, pour qui le métier de pompier est une vocation, tentent de se reconstruire et se serrent les coudes pour continuer à sauver les personnes dans le besoin. Dix ans après le 11 septembre, la série semblait avoir besoin de tourner la page et elle l’a fait de la meilleure façon qui soit, avec autant d’humour que de nostalgie et de positivisme, les yeux fixés vers l’avenir sans oublier de saluer ceux qui sont restés derrière.

Affiche de la série Rescue Me.

En outre, cet extrait du film World Trade Center, sortit en 2005 et réalisé par Oliver Stone, montre aussi l'héroïsme et le courage des pompiers. Dans ce passage, nous pouvons voir les pompiers américains tels que des sauveurs, solidaires, capables de travailler ensemble pour venir en aide aux victimes. Nous pouvons le constater avec cette immense chaîne de pompiers présente pour accueillir un seul survivant. La victime remercie ses coéquipiers de lui avoir sauvé la vie. Cet extrait met en valeur l'héroïsme en rendant hommage aux survivants comme aux sauveteurs qui ont risqué leur vie.

Cependant, les héros du 11 septembre 2001 ne sont pas seuleument des pompiers ou des policiers. En effet, les volontaires, les employés, les personnes présentes dans la tour sont aussi des héros. Lors du concert organisé pour la ville de New York le 20 octobre 2001, peu après les attentats, le gouverneur de l'état de New-York, George Pataki, déclare : « Les vrais héros sont des hommes ordinaires qui font des choses exceptionnelles auxquelles ils sont appelés. » Pour mettre en évidence cette phrase, nous pouvons nous appuyer sur l'exemple de William Rodriguez âgé de quarante-quatre ans. Cet homme travaillait au WTC depuis vingt ans en tant que concierge. Arrivant habituellement au travail à 8h30, le matin du 11 septemnbre il est arrivé avec trente minutes de retard ce qui lui a sauvé la vie. S'il était arrivé à l'heure, il se serait trouvé aux étages supérieurs, au moment où l'avion a percuté la tour Nord. « C'était un miracle. Si j'étais arrivé à l'heure, comme toujours, je serais probablement mort. J'aurais été dans les étages supérieurs comme chaque matin Â», a déclaré Rodriguez lors d'une conférence à Los Angeles. Etant en retard, Rodriguez se trouvait au sous-sol quand la tour nord fut touchée. Avant que Rodriguez n'ait le temps de réfléchir, son collègue Felipe David a fait irruption dans le bureau du sous-sol avec des brûlures graves sur son visage et ses bras. Rodriguez a donc escorté son collègue en sécurité hors du World Trade Center. Par la suite, il retourna aider les autres personnes coincés dans le sous-sol. Après avoir placé ces personnes en sécurité, il retourna dans la tour nord, contre les ordres de la police, pour secourir les victimes dans les étages supérieurs. Tous ces actes font de lui un véritable héros.

Ces actes de bravoures ne sont pas sans conséquences. En Septembre 2011, une étude a été menée par un responsable médical du Fire Department de New York qui montre que les pompiers exposés aux poussières toxiques dues à l’effondrement des tours risquent de développer un cancer supérieur de 19 %. Les pompiers intervenus étaient de l’ordre de 9853. Plus de 26 % d’entre eux ont développé un cancer le long de ces sept dernières années. Il est normal que les soldats directement exposés développent un cancer car certains contaminants dans la poussière du World Trade Center sont des carcinogènes connus. Certains pompiers souffrent aussi de maladies de la peau. Une autre enquête menée par le Dr Juan Wisnivesky, de l'École de médecine Mount Sinai de New York, a suivi 27.000 personnes parmi les 50.000 qui ont prêté secours et assistance comme les policiers, les ouvriers du bâtiment ou encore les employés municipaux. Nombreux d'entre eux sont encore victimes aujourd'hui de pathologies physiques et mentales. Les médecins ont constaté que 28% souffrent d'asthme, 42% de sinusite, 39% de reflux gastro-Å“sophagien. Près de la moitié ont des capacités respiratoires amoindries. Sur le plan psychique, 28% sont atteints de dépression, 32% de stress post-traumatique, 21% de syndrome de panique. Les chiffres étaient beaucoup plus bas chez les policiers, plus habitués à affronter les situations de stress.

« Le 11 Septembre nous a montré de quoi l'être humain est capable. Du pire, oui, assurément. Mais il nous a aussi montré le meilleur dont on aurait pu avoir oublié l'existence. Les uns prenant soin des autres. Pour la seule raison que c'était la seule chose juste à faire. C'est important pour nous de parler de tout ce bien, de nous souvenir, parce que j'en ai vu beaucoup ce jour là Â». -John McLoughlin, sergent de police retrouvé vivant dans les décombres par les pompiers. 

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© by LE ROI and TRAVERS. 

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